Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/208

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paysan riche, mais qu’il n’était pas heureux, et, lamentable, il détaillait ce touchant refrain :

De moi vous pouvez rire,
Mes chers petits enfants,
J’ai plus de soixante ans,
Pourtant j’apprends à lire !
Car il est toujours temps
D’cesser d’être ignorants,
De moi vous pouvez rire :
J’apprends à lire… ire !

La salle était émue ; — quand ce Béranger de coulisse parla de l’instruction obligatoire, ce fut un torrent d’enthousiasme ; tous les consommateurs, qui préféraient, sans nul doute, à la lecture si vantée par le chanteur, le culottage des pipes et l’absorption des bocks, admirèrent ces patriotiques sentiments et révélèrent les beautés inattendues de leur âme, en applaudissant de tous leurs