Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/227

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paquets et de valises, charrient après eux des attelages de femmes et des portées de galopins qui se fourrent les doigts dans le nez et mordent à même dans les provisions de route.

Un peu plus loin, enfin, à l’encoignure de la rue de l’Étuve, où s’étale, dans sa gloire de poupin obscène, le Mannekenpis, presque en face de la maison des brasseurs, si fastueuse avec ses colonnades cannelées d’or et la statue qui la chevauche au faîte, un tas de fainéants, embroussaillés de tignasses qui bouffaient sous le bourgeron de laine ou la casquette de soie noire, badaudaient de-ci, de-là, déambulant, à gauche, à droite, en aval, en amont, alors que vis-à-vis de l’Hôtel de Ville, au mitan de la place, des femelles hors d’âge, des infantes de l’an II, montraient leurs bas de laine rose, emmanchés de galoches