Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/230

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d’autres vagissaient, d’autres encore tétaient des femmes roses et, çà et là, dans ce remous de foule, tranchant sur le bleu et le blanc des blouses, sur la cannelle et le lie-de-vin des guimpes, des soldats se rigolaient, la panse débridée, des chasseurs aux vareuses vertes avec chenilles jaunes et culottes gris de fer, des grenadiers vêtus de bleu foncé avec des bandes et des parements rouges.

Puis c’étaient, au dehors, des chiens attelés à de petites charrettes qui grommelaient et trottinaient, trimballant dans des jattes de cuivre du lait trempé d’eau ; c’étaient les marchands de beignets, leur éventaire sur le nombril et leur poudrière à sucre dans la main, et une odeur de pain chaud s’exhalait de chez les geindres, le marché fleurait le réséda, mêlant sa senteur douce à l’âcre parfum