Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/176

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dire. — Vos réunions vont tomber dans l’eau. Ma sœur ne choppera pas, je suis là. — C’est pas la peine de me regarder ainsi ; moi je suis bâti autrement qu’elle ; si j’ai fauté, c’est que ça m’a fait plaisir ; je n’en suis pas moins une honnête fille d’ailleurs. Vous dites quoi ? Que vous le savez ? Parbleu, vous n’avez pas de mérite à le savoir, c’est connu ! Voyons, ce ne serait pas gentil : un petit ménage avec des enfants, une jolie chambre en noyer, des rideaux blancs, de l’amour plein le lit, des bouteilles dans l’armoire et, si l’on est sage, du rôti, tous les dimanches. Hein ! Ça vaut la peine qu’on y pense ; le père est un brave homme, la mère ne gêne pas, la sœur vous la connaissez, balocheuse, mais pas méchante ; reste à s’assurer si le papa ne dira pas non. Dame ! C’est une autre question, mais je m’en charge. Il faut d’abord que je sache à quoi m’en tenir avec vous ; — seulement dépêchons, il me faut une réponse avant que je m’en aille, et je décampe dans trois minutes.

Auguste suait à grosses gouttes. Il annona un oui sans enthousiasme.

— Alors tout va bien, continua l’autre, nous allons commencer la manœuvre. — L’absinthe ça fait combien ? — Le jeune homme ne s’interposa pas ; il n’avait plus que trois sous, l’achat d’un cornet de tabac lui ayant raflé les quatre