Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lui avait gouaillé ses théories et ses adieux. Il avait de plus appris par de bonnes camarades de l’atelier que son ancienne maîtresse allait subir un somptueux emballage dans de la soie. Il en avait conclu qu’elle était richement entretenue et qu’il ne serait que bien juste qu’il participât à une telle aubaine. Il avait donc guetté Céline et, un soir, il l’avait hélée : Hé limande ! Céline avait filé à grands pas, mais il l’avait rejointe, lui avait pris le bras et il continuait avec de grands gestes.

— Alors tu t’étais dit comme cela : Anatole il est dans les combles ! Il m’a oubliée, ce marquis de mes deux ! c’est une autre maintenant qui vendange ses grâces ! Ô les hommes, les hommes ! C’est-il lâche ! — Tu errais, mon cœur, Anatole pensait toujours à sa petite Céline. Ce que ce souvenir lui a coûté de chopines, par exemple, pour tâcher de l’oublier, c’est incalculable ; des quarante sous de crédit par jour ! Tu seras cause de la ruine de bien des mastroquets ! Voilà ton ouvrage. Si c’est pas une pitié ! Eh bien ! Je t’adore tout de même ; puisque je t’ai retrouvée, je ne te quitte plus !

Céline fut désolée. — Voyons, laisse-moi, dit-elle, tu sais bien que tout est fini entre nous, j’ai un amant, tu as une maîtresse, je ne t’en veux pas, moi, d’en avoir pris une…

— Je l’ai lâchée, cria triomphalement Ana-