Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de disputes, il se borna à lui déclarer qu’il s’était moqué d’elle. — Elle reprit alors sa bonne humeur et se pavana de nouveau, très satisfaite, devant une glace.

Cette robe devint un perpétuel sujet de discussions et d’injures.

Céline arrivait le dimanche matin, disait : Je m’aboule pour une balade. — Lui, continuait à prétexter des travaux pressés, s’ingéniait, ainsi qu’il se l’était promis, à ne pas la suivre. Alors elle s’allongeait sur le divan, grommelait, remuait, jusqu’à ce qu’impatienté de ces manigances, il consentît enfin à la sortir.

Elle voulait se promener dans des endroits bien, aux Tuileries, aux Champs-Élysées, quelque part où elle pourrait montrer sa robe. Il s’y refusait, proposait d’aller au Moulin de la Galette, à Montmartre, sur le boulevard d’Italie, près des Gobelins, dans un quartier bon enfant où il pourrait fumer sa pipe.

— C’est pas la peine d’avoir une robe neuve pour visiter des endroits comme ceux-là, répliquait Céline.

Il répondait : — Pourquoi n’as-tu pas mis celle de tous les jours ?

— Merci ! eh bien quand donc alors que je ferais prendre l’air à ma jupe propre, si c’était pas le dimanche ?