Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est dur d’avouer à quelqu’un qu’on ne l’aime plus au moment même où l’on pourrait le rendre heureux ! Mais l’autorisation si désirée autrefois d’épouser cet homme, venait trop tard ; elle était même de nature, dans la situation d’âme où se trouvait la petite, à l’écarter davantage d’Auguste. Les difficultés qui avaient entretenu si longtemps son affection fuyante ayant disparu, ce qui pouvait rester d’amour en elle coulait comme une eau sous une vanne qu’on lève.

À la voir ainsi, incertaine et triste, Céline cherchait à frapper des coups redoublés au bon endroit. Elle lui disait : Voyons, j’ai-t-y tort ? Avec quoi que tu élèverais les enfants que t’aurais avec Auguste ? dis-moi un peu comment que tu t’y prendrais ! il ne gagne seulement pas pour lui et il a sa mère à sa charge ! Pour fricasser ta potbouille, faudra que tu en sues de l’ouvrage ! et avec ça que tu es forte ! tu y laisserais tes os à ce métier-là ! — Je t’ai parlé d’Amédée tout à l’heure, eh bien ! papa serait enchanté, et lui aussi, tu lui plais, on le sait. Ah ! vous seriez fièrement bien assortis ensemble ! il doit venir, ce soir, baste ! va, embrassez-vous ! Si ça t’embête de te fâcher avec Auguste, je m’en charge. — Il n’a pas besoin, dans tous les cas, de savoir qu’à défaut d’un autre, le père l’accepterait. Je crois