Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/290

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d’Auguste, qu’aurait-ce donc été après quelques mois de ménage ? puis enfin, il n’y avait pas à le nier, ce mariage l’aurait mise dans la misère, — son père et Céline avaient raison. — Elle se l’était dit bien des fois d’ailleurs, mais un moment était venu où, positivement, elle avait perdu la tête, où son rêve de béatitude et d’aisance l’avait abandonnée. Maintenant qu’elle n’était plus comme autrefois aveugle, elle se rendait parfaitement compte qu’Auguste n’était pas du tout, au fond, l’homme qu’il lui fallait.

Vatard, lui, nageait dans l’allégresse. Il était entendu avec Amédée que, si la noce avait lieu, ils loueraient une chambre au-dessus dans la même maison. Désirée pourrait ainsi soigner sa mère comme par le passé, et, afin de réaliser des économies, les deux ménages prendraient leurs repas ensemble.

Sa crainte d’être laissé, lui et sa femme malade, aux soins de Céline qui désertait son poste tous les soirs, était ainsi écartée. — Ne pouvant empêcher son autre fille de se marier, sous peine de la voir s’étioler et languir, il aspirait furieusement désormais à cette union, résolu à la presser de peur qu’elle ne se brisât, et il se frottait les mains, se répétant :

— Quel finot que ce Tabuche ! comme il avait raison de dire : Si l’on ne se marie pas avec les