Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/81

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voilà trois ans que j’ai quitté le service et je te retrouve sans habits de troubade, tu as donc aussi lâché le métier ? Hein ! quelle boîte, mon pauvre vieux, te souviens-tu ? mais pardon, tiens, que je te fasse voir mon éponge, poursuivit-il en tirant à lui Céline que ce mot rendit plus furieuse encore. Auguste restait ébahi devant Désirée. Ils allèrent tous chez un marchand de vins. — Là, on causa, en vidant des verres. Le nouveau venu offrit une tournée et il échangea quelques mots avec Désirée qui fut aimable, mais tout juste. — Le jeune homme était embarrassé, il croyait que Colombel était l’amoureux de la petite, mais pourtant elle paraissait se soucier peu de lui et elle l’invita même à reculer sa chaise, déclarant qu’elle n’aimait pas qu’on lui soufflât dans le nez. On parla de la maison Débonnaire. — Anatole et Colombel, qui en avaient été renvoyés, pour ivrognerie, dirent pis que pendre des patrons. Céline n’en voulait qu’à la contre-maître, une mauvaise bête qui sortait quand elle ne vous voyait pas à votre place et vous traitait de petite cochonne alors qu’elle vous trouvait en train de causer avec des hommes dans la cour. — Ah ! Bien, reprirent-ils, en chœur, vous en aurez du courage si vous restez dans ce bahut-là ! — Mais lui répondait qu’il n’avait pas le choix, qu’avant de partir pour le régiment, il apprenait