Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/144

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et aux mains ; mais certains détails n’étaient perceptibles que pour quelques-uns ; ainsi, le vieux Pierre et son fils Wilhelm distinguaient cinq blessures et des voisines n’en découvraient que quatre. L’une d’elles, Catherine Simon, remarquait — et ses compagnes, pas — que le sang fluait par l’ouverture du côté et du pied droit, tandis qu’il semblait figé sur les autres points ; enfin, pour la sainte, la céleste oblate se tenait un peu en l’air, alors que pour les assistants, elle reposait, sur la nappe du lit, à plat.

Bien que la nuit fût déjà avancée, Wilhelm alla réveiller le curé, afin qu’il pût examiner, de ses propres yeux, cette merveille. Il arriva les mains sales, dit Gerlac, et s’adressant d’un ton rogue à Lydwine :

— Pourquoi vous permettez-vous de me déranger, à cette heure ?

— Mais ne voyez-vous pas ce miracle ? répondit-elle, en montrant l’hostie.

— Je ne vois qu’une imposture du Démon ! s’écria-t-il.

Elle l’assura du contraire.

Il regarda l’apparence de ce pain de très près et y surprenant, comme les personnes présentes, un corps ensanglanté, il demeura pantois ; puis, il recouvra son assurance, ordonna à tout le monde de sortir, ferma la porte et tourmenta Lydwine, l’adjurant, par le jugement de Dieu, de ne jamais parler de ce prodige.

Il pressa sur elle pour lui arracher un serment ; elle refusa et cependant jusqu’au jour où elle fut interrogée par l’Ordinaire, elle se tut.