Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/147

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concède la sainte Eucharistie ; priez donc charitablement pour elle.

Cela dit, il salua les fidèles et s’introduisit, tête haute, chez la malade.

Lydwine avait tout entendu ; elle accueillit Dom André avec sa douceur habituelle mais elle s’exclama :

— Ô mon père, vous n’avez pas exactement raconté les faits ; non, je n’ai pas été séduite par un piège du Maudit et qui le sait mieux que vous, puisque je vous ai averti d’avance que Dieu me préparait cette grâce ? n’avez-vous pas constaté aussi que j’ai absorbé cette hostie sans aucune peine, alors que la moindre parcelle de pain à chanter m’eût étouffée ! enfin, n’êtes-vous pas mon confesseur, celui pour lequel je n’ai rien de secret, me considérez-vous donc ainsi qu’une fille de perdition ?

Elle se tut, puis elle reprit :

— J’invoquerai néanmoins le Seigneur pour qu’il ne vous impute pas à péché cette conduite.

Il blêmit de rage. Ah çà ! cria-t-il, faut-il, oui ou non, que je vous communie ?

Elle répondit : qu’il soit fait selon votre volonté.

Et il la communia.

Mais, tandis que cet étrange sacerdote se flattait de s’être tiré d’un mauvais pas, en persuadant à ses paroissiens qu’il avait miséricordieusement agi en secourant une possédée, les amis de Lydwine ne se gênèrent pas pour narrer à qui voulut l’entendre le miracle dont ils avaient été les témoins. Ils étaient gens raisonnables et pieux et on les jugeait incapables