Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/156

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de questions ; mais celle-ci qui se défendait et d’avouer la vérité et de mentir, gardait le silence. À un certain moment, cependant, poussée à bout, elle s’exclama, en serrant joyeusement la main de son amie : ô tête, ô tête ! — ce qui voulait dire, selon Brugman, taisez-vous, mon secret est à moi !

Toujours est-il qu’elle cachait de son mieux cette main gauche, la seule dont elle pouvait se servir, mais ce qu’elle ne parvenait pas à dissimuler, c’était le parfum têtu d’épices qui s’en exhalait.

Il était, selon Gerlac, perceptible au goût et, quand on l’avait respiré, l’on avait en quelque sorte aussi dégusté de célestes friandises dont la saveur rappelait, mais ainsi que de précieux crûs rappellent de fallacieuses vinasses, le bouquet fébrile des girofles, l’ardeur poivrée du gingembre, la candeur fûtée de la cinnamome, de la cannelle, surtout.

Résolu à ne pas s’éloigner, sans avoir contenté sa curiosité, Dom Angeli dit :

— Ma très chère mère Lydwine, veuillez me donner votre main.

Par obéissance, elle la lui tendit et la chambre fut aussitôt embaumée.

— Ah ! s’écria-t-il, pourquoi ne m’avez-vous jamais révélé que vous disposiez des aromates perdus de l’Eden ? et comment ne me suis-je pas rendu compte, moi-même, alors que je vous confessais, que vous étiez une de ces âmes que Jésus se plaît à emplir jusqu’aux bords de ses grâces !

— Souvenez-vous de nos entretiens, mon père, ré-