Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/174

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et s’il avait, de son vivant, plus craint le Purgatoire !

En attendant, elle sut si bien appliquer les mérites de ses souffrances à cet infortuné Angeli, qu’elle parvint à le délivrer.

On la consultait de toutes parts, pour connaître la destinée de certains morts ; mais constamment elle refusait de répondre.

— Vous êtes bien réservée et vous faites bien la renchérie, lui dit une femme ; moi qui vous parle, j’ai souvent causé, avant sa mort, avec un saint qui n’usait pas de tant de manières pour renseigner les gens.

— C’est possible, répliqua Lydwine, il ne m’appartient pas de juger si, en agissant de la sorte, ce saint avait tort ou raison. — Et au même instant, son ange lui apprenait que ce soi-disant élu souffrait dans le Purgatoire, justement pour s’être mêlé de ce qui ne le concernait pas.

Il fallait donc qu’elle fût vraiment incitée par le Seigneur pour qu’elle osât s’immiscer dans de telles questions ; c’était tant pis, dans ce cas, pour les indiscrets, si ses avis, au lieu de les consoler, les alarmaient. Il en fut ainsi pour la comtesse de Hollande ; après le décès de son mari Wilhelm, le bruit courut que Lydwine, trépassée depuis trois jours, venait de ressusciter et avait rapporté de l’autre monde la nouvelle que le comte défunt participait à l’allégresse sans retour des Justes.

La comtesse envoya aussitôt l’un de ses officiers à Schiedam.

— Vous pouvez bien penser, lui dit Lydwine, un