Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peu ahurie par ce message, que si j’étais morte depuis trois jours, je serais à l’heure actuelle inhumée dans une tombe ; quant à l’âme de votre prince, permettez-moi d’estimer que si elle était entrée directement dans le ciel, moi qui suis malade depuis tant d’années, j’aurais peut-être le droit d’être surprise et de pleurer sur la longueur de mon exil ; et j’ajoute que je ne me plains pas.

Dans une autre circonstance, pour déraciner les mauvais instincts d’un déplorable prêtre, elle obtint du Ciel de lui faire contempler l’enfer. Cet ecclésiastique, Joannès Brest ou de Berst, qui lui avait rendu quelques petits services, en s’occupant de ses affaires de famille, fréquentait chez une dame Hasa Goswin ; cette femme tenait table ouverte et attirait de préférence chez elle les prêtres libertins et goulus. Lydwine avait mainte fois exhorté cet ecclésiastique à ne plus mettre les pieds dans ce mauvais gîte, mais il n’avait jamais écouté ses conseils. Cette créature trépassa ; il revint voir la sainte et fut désireux de savoir ce qu’elle était devenue.

Dieu peut vous accorder la grâce de la regarder, dit tristement Lydwine.

Elle pria et, quelques jours après, ils virent, tous deux, simultanément, Hasa Goswin torturée dans d’épouvantables forteresses par les démons, liée par des chaînes de feu, brisée par d’inénarrables supplices, dans les enfers.

Joannès de Berst fut terrifié ; il promit à Lydwine de changer de conduite ; puis, il se rit de cette vi-