Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/233

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contre Dieu sommé de le nourrir par miracle dans une solitude inculte.

Lydwine dissipa ses doutes sur sa vocation d’anachorète et prophétiquement lui dit :

— Les trois premiers jours de votre arrivée dans le désert, vous pâtirez de la faim, mais ne vous rebutez pas, car, le troisième jour, avant le coucher du soleil, le Seigneur pourvoira à votre nourriture.

Confiant en cette promesse, il partit avec deux compagnons, mais dès qu’ils eurent abordé les plaines de l’Égypte, ceux-ci, épouvantés par la mer de sables qui s’étendait à perte de vue devant eux, rebroussèrent chemin et retournèrent, désabusés, chez eux.

Gérard, plus intrépide, s’enfonça dans les régions isolées du Nil et découvrit, au centre d’un site aride, un grand arbre dans les branches duquel était perchée, ainsi qu’un nid, une cellule formée avec des rameaux et des nattes, et elle était assez élevée pour que les loups et les autres bêtes sauvages ne pussent l’escalader. Il s’y installa et, après avoir jeûné, faute d’aliments, pendant deux jours, il fut, selon la prédiction de la sainte, ravitaillé, le troisième, par le Créateur qui lui envoya, comme jadis aux Hébreux, des flocons de manne.

Il vivait fondu en Dieu dans cette hutte aérienne, et avait atteint les plus hautes cîmes de la contemplation quand un évêque anglais, qui revenait d’un voyage en Palestine et d’un pèlerinage au mont Sinaï où il était allé vénérer les reliques de sainte Catherine