Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/236

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Il n’en fallut pas davantage pour déterminer l’évêque à se rendre, avant de regagner l’Angleterre, en Hollande. À peine débarqué, il courut à Schiedam et se fit conduire, par l’hôtelier du bourg, chez Lydwine.

Il lui raconta son entretien avec Gérard et la pria de répondre à ses trois questions.

Elle se déroba d’abord, disant par humilité : comment puis-je le savoir, c’est Dieu qui le sait.

Mais le prélat insista, se fâcha presque et elle finit alors par avouer que Gérard résidait depuis dix-sept ans dans son arbre, que lorsqu’il avait conçu le projet de vivre de l’existence des Pères du désert, il avait dix-sept ans, mais n’avait pu réaliser son dessein que deux années après, c’est-à-dire à l’âge de dix-neuf ans.

Puis elle se tut.

— Vous ne répondez pas à la troisième question ? reprit l’Évêque.

Alors elle soupira :

— Hélas ! Monseigneur, je suis obligée de séjourner au milieu de séculiers et, bon gré, mal gré, je suis mêlée aux affaires du monde et c’est à mon détriment ; je suis salie par cette poussière que répandent autour d’eux les gens du siècle ; aussi n’avançai-je que très péniblement dans les chemins de Dieu ; mon frère Gérard n’est pas, heureusement pour lui, dans le même cas. Il habite seul avec les anges, aucun être terrestre ne le dérange et il peut s’adonner en toute liberté aux spéculations du Ciel ; il est donc bien naturel qu’il me dépasse dans la voie sublime de la vie