Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/257

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— Ma chère dame Marie, balbutia Lydwine interdite, mon ange m’a emmenée telle que j’étais ; je n’ai, du reste, à la maison, ni robe, ni voile, puisque je suis toujours couchée !

— Eh bien, proposa en souriant la Vierge, voulez-vous que je vous donne ce voile-ci ?

Lydwine contemplait ce voile que lui tendait la Mère ; elle mourait d’envie de l’accepter ; mais elle craignit de déplaire à Jésus, en contentant son propre désir et elle interrogea du regard son ange qui détourna les yeux.

De plus en plus intimidée, elle murmura : mais il me semble, bonne Vierge, que je n’ai pas le droit de manifester une volonté et elle implora encore d’un coup d’œil son ange ; il lui répliqua cette fois par ces mots qui ne firent qu’accroître son embarras :

— Si vous souhaitez de posséder ce voile, prenez-le.

Elle savait de moins en moins à quoi se résoudre quand la Madone mit fin, en riant, à sa gêne.

— Allons, dit-elle, je vais le placer moi-même sur votre tête, mais écoutez-moi bien ; de retour sur la terre, vous le garderez chez vous pendant sept heures ; ce après quoi vous le confierez à votre confesseur, en le priant de le fixer sur le chef de ma statue, dans l’église paroissiale de Schiedam.

Et, après cette recommandation, Notre-Dame disparut.

Revenue de son extase, Lydwine se tâta le front pour s’assurer qu’elle n’avait pas été le jouet d’une illusion ; le voile y était ; elle le retira et l’examina.