Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/89

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gea ; enfin quand la peste s’abattit sur la Hollande, elle en fut infectée, la première ; deux bubons poussèrent, l’un sur l’aine, et l’autre dans la région du cœur. — Deux, c’est bien, s’exclama-t-elle, mais s’il plaît à Notre Seigneur, je pense qu’en l’honneur de la sainte Trinité, trois seraient mieux ! — et un troisième abcès lui fouilla aussitôt la joue.

Elle serait morte vingt fois si ces affections avaient été naturelles ; une seule eût suffi pour la tuer ; aussi, n’y avait-il, pour essayer de la guérir, rien à tenter, rien à faire.

Mais la renommée de ces maux réunis si étrangement sur une seule personne qui continuait de vivre, en étant sur toutes les parties du corps mortellement atteinte, s’était répandue au loin. Si elle lui avait amené des empiriques qui avaient parfois aggravé par de douteuses panacées, son état, elle lui valut, par contre, une nouvelle visite de ce brave Godfried de Haga qui l’avait soignée après sa chute.

Il arriva à Schiedam, accompagné de la comtesse Marguerite de Hollande dont il était le médecin, et qui voulait vérifier par elle-même le cas de cette extraordinaire malade dont elle entendait souvent, par les seigneurs de sa Cour, parler. Elle pleura de pitié, en voyant l’aspect inhumain de Lydwine.

Godfried, qui avait jadis pronostiqué l’origine divine de ces maux, ne pouvait que constater l’impuissance de son art à les guérir ; croyant cependant qu’il parviendrait peut-être à soulager la patiente, il lui retira du ventre les entrailles qu’il déposa dans un bassin ; il les tria