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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

nelle qui disparaît en cette apothéose de flammes qu’elle expire, dont elle est elle-même le foyer.

Le Christ, transfiguré, s’élève majestueux et souriant, et l’on dirait de cette auréole démesurée qui le cerne et fulgure, éblouissante, dans une nuit pleine d’étoiles, de l’astre reparu des Mages dans l’orbe plus restreint duquel les contemporains de Grünewald posèrent l’enfant Jésus, lorsqu’ils peignirent les épisodes de Bethléem, l’astre du commencement revenant, comme le Précurseur sur le Golgotha, à la fin, l’astre de Noël grandi depuis sa naissance dans le firmament, de même que le corps du Messie, sur la terre, depuis sa nativité.

Et l’artiste qui osa ce tour de force a joué beau jeu. Il a vêtu le Sauveur et tâché de rendre le changement de couleurs des étoffes se volatilisant avec le Christ ; la robe écarlate tourne au jaune vif, à mesure qu’elle se rapproche de