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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

la source ardente des lueurs, de la tête et du cou, et la trame s’allège, devient presque diaphane dans ce flux d’or ; le suaire blanc qu’entraîne Jésus fait songer à certains de ces tissus japonais qui se transforment, après d’habiles transitions, d’une couleur en une autre ; il se nuance d’abord, en montant, de lilas, puis gagne le violet franc et se perd enfin, ainsi que le dernier cercle azuré du nimbe, dans le noir indigo de l’ombre.

L’accent de triomphe de cette ascension est admirable. Ces mots « la vie contemplative de la peinture », qui semblent n’avoir aucun sens, en ont cependant, pour une fois, un, car nous pénétrons avec Grünewald dans le domaine de la haute mystique et nous entrevoyons, traduite par les simulacres des couleurs et des lignes, l’effusion de la divinité, presque tangible, à la sortie du corps.