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LES GRÜNEWALD DU MUSÉE DE COLMAR

donc un hospice, et nous savons, d’autre part, que ce fut son abbé ou, pour parler le langage technique usité dans cet institut, son précepteur, Guido Guersi, qui commanda ce polyptique à Grünewald.

L’on s’explique aisément dès lors la place que saint Antoine, le patron de l’Ordre, occupe dans cette série ; l’on comprend aussi le réalisme terrible de Grünewald et les chairs méticuleuses de ses Christs évidemment copiées sur les cadavres de la chambre des morts de l’hospice ; et la preuve est que le Dr  Richet, examinant au point de vue médical ses Crucifiés, note que « le soin du détail est poussé jusqu’à l’indication de l’auréole inflammatoire qui se développe autour des petites plaies » ; l’on comprend surtout l’image peinte d’après nature dans la salle des malades, de cet être dolent et affreux de la Tentation, qui n’est ni une larve, ni un