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LES NEFZAOUA.

étant arrivé de la part d'El-Mansour, châtia les Berbères et étouffa l'insurrection.

En l'an 154 (768), Omar-Ibn-Hals fonda[1] la ville de Tobna et y établit les Ourfeddjouma, parce qu'ils s'étaient dévoués à sa cause. Ils déployèrent une constance héroïque pendant tout le temps qu'Ibn-Rostem et les Beni-Ifren y tenaient Omar assiégé. Six années plus tard, après la mort d'Omar, ils se révoltèrent contre Yezid-Ibn-Hatem qui venait d'arriver en Ifrikïa pour y exercer les fonctions de gouverneur, et ils élurent pour chef un de leurs guerriers nommé Abou-Zerdjouna[2]. Yezid leur fit infliger un rude châtiment par une armée qu'il expédia contre eux sous la conduite de son fils.

Plus tard, les Nefzaoua se soulevèrent contre Dawoud, fils de Yezid, professèrent ouvertement la doctrine eibadite, et se réunirent sous le commandement d'un de leurs chefs appelé Saleh-Ibn-Noceir. Les troupes du gouvernement les attaquèrent à Sicca Veneria et leur tuèrent tant de monde que depuis lors l'esprit de kharedjisme cessa de troubler l'Ifrikľa. Les Berbères firent leur soumission et la tribu des Ourfeddjouma fut réduite à un tel degré de faiblesse qu'elle finit par se disperser. Les débris de ce peuple allèrent se confondre dans les rangs des autres tribus.

Les Zeddjala, branche des Ourfeddjouma, formaient une tribu considérable. Plusieurs d'entr'eux se distinguèrent à l'époque où naquit la puissance fatemide et pendant la domination des Oméïades en Espagne. Tels furent les Beni-Zeddjali, famille de gens de plume qui fleurit à Cordoue. On trouve encore des Zeddjala dans un village du même nom situé au milieu de la plaine de Mermadjenna.

Les Ourfeddjouma et les autres branches des Oulhaça, vivent aujourd'hui dispersés en petites bandes, à cause de l'affaiblissement auquel ils ont été réduits. Une de ces peuplades, celle qui en est

  1. L'auteur aurait mieux fait d'écrire repeupla.
  2. Ci-devant, page 223, ce nom est écrit Zerhouna, différence qui provient de l'absence d'un seul point diacritique.