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prescriptions de la loi, dit-il, Dieu place les femmes à la suite des hommes; il ne les désigne pas expressément, mais implicitement, et cela parce qu'elles n'ont pas le droit de commander et qu'elles sont placées sous l'autorité des hommes. En ce qui regarde les de- voirs de la religion, le cas est différent, car là chacun est capable d'agir pour soi; aussi la loi (en prescrivant aux femmes ces devoirs) s'adresse à elles directement. » Ce qui se voit de nos jours témoigne en faveur de nos observatioriiS : personne ne gouverne un peuple ni P. 355. une race d'hommes à moins de pouvoir les tenir courbés sous sa do- mination; et la loi divine se trouve rarement en contradiction avec les faits qui sont conformes à la nature.

Des opinions des Chîïtes au sujet de l'imamat.

Le mot chiyâ [Chutes], signifie, dans le langage ordinaire, compa- gnons ou suivants; mais, dans la terminologie des légistes et des théologiens dogmatiques, tant anciens que modernes, il s'emploie pour désigner les partisans d'Ali et de ses descendants. Les Chîïtes s'accordent à déclarer que la nomination d'un imam n'est pas de ces choses ordinaires que l'on abandonne à la décision du peuple; que l'imamat est la colonne de la religion et la base de l'islamisme; que le Prophète ne doit pas le négliger ; qu'il n'a pas le droit de laisser le choix d'un imam à la communauté musulmane; que son devoir l'o- blige à lui en assigner un; que l'imam est absolument impeccable; qu'Ali fut la personne désignée par le Prophète pour remplir les fonctions d'imam. Ils appuient ces opinions sur certains textes qu'ils ont reçus par la voie de la tradition , et auxquels ils donnent une explication conforme à leur doctrine; textes inconnus aux hommes les plus habiles dans la critique des traditions qui se rapportent au Prophète et ignorés des docteurs qui se sont transmis la connaissance parfaite de la loi.

A vrai dire, la plupart de ces indications sont controuvées, ou bien la voie de leur transmission est justement suspecte, ou bien encore elles ne se prêtent pas à la perverse interprétation que l'on veut

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