Page:Ibsen - La Dame de la Mer, traduction Prozor.djvu/218

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Ellida

— Je le sais, Wangel ! Mais cela se paie, cela se venge. À l’heure décisive, je ne trouve ici ni attaches, ni appui, ni secours. Où est-il, ce trésor intime, ce monde à deux, dont je ne devrais pas pouvoir me séparer ?

Wangel

Tu dis vrai, Ellida. Aussi vas-tu dès demain recouvrer ta liberté. Tu pourras désormais vivre ta propre vie.

Ellida

Tu appelles cela ma propre vie ! Oh non ! ma vie propre, ma vraie vie a été dévoyée du jour où j’ai consenti à partager la tienne. (Elle se tord les mains avec anxiété.) Et maintenant, — ce soir, — dans une demi-heure, — viendra celui que j’ai trahi, celui à qui j’aurais dû rester fidèle inébranlablement, comme il m’est resté fidèle, lui ! Il viendra m’ordonner, — pour la dernière fois, — de vivre ma propre vie, — la vie qui fait peur et qui attire, — et à laquelle je ne puis renoncer. Du moins volontairement !

Wangel

Il n’en est que plus urgent que ton mari, — qui