Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/61

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Madame Linde.

Je suis venu en ville chercher du travail.

Rank.

Sera-ce un remède efficace contre l’excès de fatigue ?

Madame Linde.

Il faut bien vivre, docteur.

Rank.

Oui, c’est l’opinion générale. On croit que c’est une chose nécessaire.

Nora.

Oh ! docteur, je suis sûre que même vous vous êtes attaché à la vie.

Rank.

Pour sûr j’y tiens. Misérable comme je le suis, je m’obstine à vouloir souffrir aussi longtemps que possible. Tous mes malades ont le même désir et tous ceux qui ont le moral entamé pensent de même. Je viens justement d’en laisser un dans le cabinet d’Helmer. Un homme en traitement ; car il y a des hôpitaux pour ce genre de malades.

Madame Linde, d’une voix sourde.

Ah !

Nora.

Que voulez-vous dire ?

Rank.

Oh ! je parle de l’agent d’affaires Krogstad, un homme que vous ne connaissez pas. Il est pourri jusqu’aux os. Eh bien ! lui aussi affirme qu’il est de la plus haute importance qu’il vive.

Nora.

De quoi parlait-il à Helmer ?