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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/146

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BRASSÉE DE FAITS

première conquête, quand je la voyais passer devant moi, rue Manin, et que j’admirais sa démarche cadencée. Elle a des jambes superbes, dans mon genre.

On avait causé, vous ai-je dit. C’est moi qui ai parlé de fessées, la première. Vrai, je suis bien tombée. Elle aime fesser. Ses copines, elle en fesse plus d’une, la coquine !

Mais elle demeure chez ses parents, ce n’est pas commode. Alors, on trouve une combine. Elle a une amie à Bagnolet.

Le dimanche, on part le matin. C’est elle qui régale. On déjeune chez un bistro et, à une heure, on est chez son amie qui, gentiment, nous prête sa chambre et s’éclipse. Des fois, elle n’est pas là et nous laisse sa clef chez la concierge.

Nous refaisons cette partie tous les dimanches, pendant six semaines. On est folles l’une de l’autre.

Elle a vingt ans, je l’ai dit. Elle s’envole de chez ses parents. Elle en avait l’âge : qu’aurait-elle fait en y restant ? Épouser un ouvrier, un malheureux comme elle ?

Vous n’y pensez pas ? Elle, si jolie ? Elle accepte les propositions d’un monsieur chic. C’est pour moi, ce qu’elle en fait. Elle dit adieu aux fleurs et plumes : la voici dans ses meubles.

Alors, c’est facile de nous réunir. Je suis heureuse, heureuse. Nous nous aimons !

Deux ans après, je la rejoins. J’ai seize ans et demi, j’en parais dix-neuf ou vingt.