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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/278

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CORRESPONDANCE

sexe. S’il faut vous dire toute ma pensée, cher Monsieur, je crois que c’est chez vous, les hommes, qu’on en trouve le plus. Je suis heureuse de voir que mes congénères s’émancipent de plus en plus et s’arrachent à la séculaire tutelle qui les a opprimées jusqu’ici. La jupe courte, les cheveux courts sont deux signes, n’en doutez pas, qui marquent le réveil de la femme. Enfin, consciente de ses droits, elle va se faire, au soleil, la place à laquelle elle a droit et dont elle a été écartée si longtemps, on se demande pourquoi.

Mais ne croyez pas que les rapports entre les deux sexes seront moins aisés, moins agréables. Au contraire, ils n’en seront que meilleurs et plus faciles, du fait de cette égalité réalisée.

Mais, laissons cela. Si je me suis laissée aller à sortir un peu de notre sujet, c’est que je sens en vous une telle sympathie et si profonde pour notre sexe, en même temps qu’une compréhension bien rare de ce qui nous est propre et en quelque sorte constitutionnel, que je me suis étendue sans y songer un peu plus que je n’en devais espérer la permission de votre bienveillante patience. La faute vous incombe un peu, permettez-moi de le dire. Vous engagez de façon si pressante et si aimable vos lectrices à vous écrire franchement, que j’ai saisi par les cheveux cette occasion de vous faire part de mes appréciations sur votre œuvre, à laquelle je m’intéresse depuis votre premier ouvrage.

Voici donc quelques notes de voyage. Vous le savez, j’ai pas mal couru le monde. A beau mentir qui vient de loin, dit un proverbe. Je crois, Monsieur, ne pas avoir