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Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/98

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BRASSÉE DE FAITS

que je ne faisais pas d’efforts, maman m’a fouettée. Tiens, c’est comme cela qu’elle m’a fait…

Et elle joignit l’action à la parole.

J’étais assise sur une chaise. Elle aussi. Elle se leva, s’étendit sur moi. Après plusieurs secondes, où je restai simplement étonnée, ne sachant où elle en voulait venir au juste, elle me dit :

— Eh bien ?… fouette-moi… Fouette-moi, maman n’entendra pas.

Comme, décidément, c’était mon tour de ne pas comprendre, elle se releva, manifestement dépitée.

Notre école mutuelle reprit. Elle me fit réciter mes leçons que je savais à merveille, je lui fis réciter les siennes qu’elle ne savait nullement. Elle revint à la charge :

— Pourquoi ne veux-tu pas me fouetter ?… Il n’y a pas que Maman qui m’a fouettée, va. Ma tante aussi m’a fouettée. À Bourges, elle m’a fouettée comme elle fouette Louise, ma cousine.

Je n’en revenais pas.

En rentrant chez nous, je n’en parlai pas à maman ; mais, j’y pensai toute la soirée.

À mes sens complètement endormis encore, aucun appel ne venait, émané d’un récit qui pourtant me troublait.

Le lendemain, c’est chez nous que nous fîmes nos devoirs. Maman était absente. Outre ses leçons chez elle, elle en avait beaucoup à domicile, en général à partir de trois heures et, ce jour-là, particulièrement, elle serait retenue tard au-dehors.