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CHAPITRE XII.


Milord Elmwood se disposait à se rendre à Rome pour y être relevé formellement de ses vœux ; cependant il évitait avec soin de parler de son voyage, ou si quelque circonstance imprévue le forçait d’en dire quelques mots, c’était sans aucune marque de plaisir ou de chagrin.

L’orgueil de miss Milner commençait à s’alarmer. Tant que son tuteur avait été M. Dorriforth, un prêtre condamné au célibat, l’indifférence qu’il avait montrée pour ses charmes, loin d’être un sujet de reproche, lui faisait honneur auprès de sa pupille, et s’il faut tout dire, elle l’admirait pour cette preuve d’insensibilité. Mais au moment de recouvrer sa liberté et de faire un choix… que ce choix ne tombât pas aussitôt sur elle, il y avait là de quoi l’offenser. Elle avait été accoutumée à recevoir l’hommage de tous les hommes qui la connaissaient, et c’était une cruelle humiliation de ne pas obtenir celui de l’homme dont surtout elle désirait d’être aimée ; elle se plaignait à miss Woodley, qui l’exhortait à la patience ; mais la patience était une des vertus dont elle faisait le moins d’usage.

Cependant, encouragée par son amie dans ses justes efforts pour gagner les affections de celui qui avait toutes les siennes, elle ne négligea rien pour ne pas manquer sa conquête. Mais elle avait commencé par ne pas douter du succès, et elle n’en fut que plus sensible au chagrin de ne point réussir ; ou plutôt elle se découragea d’avance, comme d’avance elle s’était flattée. Son cœur, tour à tour