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tion des bas-côtés par les Sibylles de Michel-Ange, enfin de consacrer ce lieu, comme chapelle du Palais des Beaux-Arts, par la copie exacte de la tribune des chanteurs à la chapelle Sixtine, et de réunir là, par ce moyen, l’art divin de la musique à ses divines sœurs dont votre beau palais est le temple. Cependant je n’aurais jamais osé vous montrer ce petit travail, qui n’est point de ma compétence, si M. Thiers, qui l’a vu, n’avait insisté pour que je le lui remisse, voulant absolument vous le faire voir et en causer avec vous.

Je jouis, mon cher monsieur Duban, de tous vos succès, de votre belle position que votre seul talent vous a méritée ; je m’en réjouis avec le plus grand cœur. (Op. cit.)

Ingres.
À M. Thomas.
Rome, 1837

Mon bien bon ami, je devrais couvrir cette page d’excuses, mais je vois par tant de preuves de bonne amitié de votre part que vous connaissez toute celle que mon cœur vous porte, et cela me rassure. Ah ! cher ami, que de choses que vous nous avez ravies par votre départ ! Plus rien, ou peu de chose, depuis vous. Je vis, nous vivons des souvenirs du bon Thomas, dont la personne m’est aussi chère que le beau talent. Le refrain ordinaire en toute occasion, et que nous aimons à recommencer avec l’excellent Flandrin et son frère, est Thomas et toujours Thomas. Nous n’entendons plus résonner sous vos admirables doigts les divins Mozart, Beethoven et tant d’autres, et vos propres œuvres. Cependant nous sommes, depuis quelques jours, arrivés à quelque chose ; c’est à vaincre la timidité de Madame Baltard, qui nous a révélé un charmant talent en disant vos délicieuses valses que l’on n’entend jamais assez, et que l’on aime, que l’on admire toujours davantage…

Nous avons su ici vos succès, non par vous qui êtes