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rable que vous avez bien voulu me faire par votre lettre du 1 5 mai, en m’adressant l’extrait de la délibération que, sur votre proposition, a prise le Conseil municipal de Montauban, de donner mon nom à une des rues de ma ville natale.

Une pareille distinction décernée par mes chers compatriotes m’est bien précieuse ; mais, Monsieur le Maire, en me rendant l’objet d’une si éclatante ovation, ne eraignez-voûs point d’anticiper trop tôt sur le domaine de la postérité et ne me jugez-vous pas trop favorablement avant elle ? Ratifiera-t-elle une décision qui m’accorde le plus grand honneur que puisse ambitionner un homme ?

Mais je vous laisse à vous. Monsieur le Maire, et à messieurs les Membres du Conseil municipal, toute la responsabilité d’un acte qui me donne des forces nouvelles pour essayer de m’en rendre digne le plus possible.

En attendant, Monsieur le Maire, etc. (Op. cit.).

Ingres.

En 1833, quand M. Roques fut nommé correspondant de l’Institut, Ingres adressa à son ancien vénéré maître la lettre suivante :

14 janvier 1833.

Mon cher Maître et Ami, je ne souhaite qu’un bonheur, c’est de vous voir siéger à mon côté à l’Académie, ne serait-ce que pendant quinze jours. Donnez-moi donc l’espoir que je vous verrai, aussitôt les beaux jours. Ma femme, qui vous aime sur ma parole, aura autant de plaisir que moi à vous faire les honneurs de ma petite maison. Il nous sera bien doux, après trente ans, de faire de ces longues causeries que les lettres ne peuvent jamais remplacer. J’écris à votre fils ce qu’il faut faire pour remercier l’Académie ; hâtez-vous de le faire, de suite. Vous n’avez été élu que sur votre réputation, votre nomination est en cela tout honorable pour vous. Faites-lui