Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/534

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Salle VI, etc…

Et maintenant, quand nous aurons donné aux robustes Laveuses et aux résignés Chemineaux de M. Lhermitte le salut amical que mérite cet autre poète de la terre bienfaisante et du ciel consolant, de quel côté tournerons-nous nos pas dans ce Salon plein de frivolités jusqu’aux frises ? Est-ce même un Salon qu’il faut appeler ce boudoir où il n’y a place que pour la mode à son aise, avec ou sans le costume tailleur dont se déshabituent déjà nos traîneuses de hanches en mal d’enfantement nouveau, plus nu et plus cynique le jour venu que la passée ? Par exemple, si les robes diminuent, c’est au bénéfice des chapeaux qui augmentent au point de remplir ces salles et d’y cacher, sous leurs ombres envahissantes, comme sous les mystères d’un Paradis perdu après la faute commise, ces Eve malheureuses de n’y pas présenter des corps encore plus petits sous des coiffures plus grandes. Quand nous aurons incliné nos hommages vers la Madame X… de M. Boldini, à qui revient la pomme de ce Concours de mode qu’il ne faut plus appeler une Exposition de peinture, nous n’aurons plus qu’à reprendre la porte de ce Salon vraiment trop mondain où la Maîtresse du Titien elle-même chercherait ses filles et ne les reconnaîtrait plus à ces poseuses de l’atelier d’essayage. Quant à des modèles de l’atelier de peinture, il n’y en a déjà plus ; et c’est avec tristesse qu’il faut avouer, en sortant de ce Salon de la Nationale, que le mannequin a remplacé le chevalet. Hercule est chez Omphale et le pinceau se métamorphose en quenouille.

On demande un Ovide.

II. — Le Salon des Artistes français

Un article du règlement qui régit cette autre Société des « Frères Irréconciliables », oblige sur l’honneur le critique d’art, introduit dans les salles avant leur ouverture officielle du Ier mai, à ne livrer à âme qui vive le secret de ses impressions écrites. Pour nous y conformer jusqu’à de prochains articles, nous nous contenterons de recueillir et de publier, à la porte de ce redoutable labyrinthe des Beaux-Arts, la stupéfiante nouvelle de l’hécatombe que vient de se servir le jury des Artistes français, cet autre Minotaure, non de la fable, mais de l’histoire vraie, à qui il n’a pas fallu moins de 6.000 tableaux