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Dernier matin au Caire, pour cet été. L’heure est claire, calme, lumineuse, presqu’immobile. Assise sur mon cher petit balcon, mon cahier sur les genoux, mon fountain-pen à la main, je regarde les « spécialistes » arroser d’eau la rue silencieuse que je ne verrai pas demain, ni après-demain, ni pendant les trois ou quatre mois suivants. Les oiseaux se réveillent et saluent l’aurore de leur gazouillement de jeunesse enivrée ; ils voltigent çà et là sur le toit. Un d’eux passe près de ma tête, si près que son aile capricieuse semble frôler mes cheveux. Je voudrais l’attraper et lui demander ce qu’il chante et pourquoi il chante, peut-être me répondrait-il… mais il le ferait en moineau, et cela me décourage.

… L’atmosphère très claire s’embrume de l’haleine sombre des cheminées de Boulac, et, au même instant, l’air se peuple de sons très doux ; ce sont les joyeux carillons des cloches catholiques, cloches franciscaines,