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Les vraies amitiés sont rares, on l’a déjà trop répété : peu de gens savent joindre la fermeté à la tendresse.

Je préfère un méchant intelligent à un bon sot.

Il est dix heures et demie du matin, et je suis seule dans la forêt depuis plus de deux heures. Seule avec Byron, le poète sauvage et délicieux que les Anglais classent au quatrième rang de leurs poètes, parce qu’il est trop bon rimeur, peut-être, et qui, après Shakespeare, mériterait d’être le premier.

N’en déplaise à ces Messieurs de l’Angleterre !

Pendant que je lisais, mon petit cahier reposait près de moi ; et maintenant que j’écris, Childe Harold est couché à mes pieds.

Savait-il, le malheureux Byron, pouvait-il savoir lorsqu’il écrivait ce triste et charmant poème, qu’une jeune fille Syrienne irait passer avec lui, avec ce qui reste de lui, de longues heures solitaires dans les douces forêts libanaises ? Comme je les trouve brûlants et doux ses vers, parcelles de son âme étrange ! Et je n’arrive pas à comprendre comment Lady Byron a pu le traiter si durement : quand on a pour mari un pareil homme il faut bien lui pardonner certaines extravagances. Un homme de génie n’est pas un homme comme tout le monde.