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P. S. — Le petit Latuile, qui vient de passer quinze jours à Paris, raconte partout, m’affirme-t-on, que tu t’affiches beaucoup en ce moment, qu’on te rencontre dans tous les endroits où l’on s’amuse, et toujours en certaine compagnie. Je n’en veux rien croire, mais je remplis mon devoir de père en te répétant les bruits qui courent, et en t’engageant à la circonspection. Je n’ignore pas que M. le baron Goudmann est parvenu à un âge très avancé, et que tu ne dois pas trouver auprès de lui, aussi souvent que tu le voudrais, les satisfactions dont ton petit cœur a besoin. Mais tu dois aussi songer à ton avenir, à ta situation, au luxe dont il sied qu’une artiste telle que toi soit entourée ; tu dois songer, j’ose le dire, au repos de mes vieux jours, à la considération que mes concitoyens me témoignent aujourd’hui, et que je perdrais sans doute si je diminuais mon train de vie. Il ne doit pas être difficile, pour une fine mouche comme toi, de sauver les apparences, d’éviter tout ce qui pourrait avoir des suites désagréables, les commentaires indiscrets et les commérages fâcheux, sans te priver de rien pour cela. Sois prudente, ma chère Loulou, et n’oublie pas de me rappeler au souvenir de M. le baron, pour le jour où il jugera opportun de vendre mes valeurs.

Je t’embrasse encore, de tout mon cœur bien affectionné. H. M.