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mais j’estime qu’il n’arrivera rien avant huit jours. N’est-ce pas ton avis ?

— C’est à toi qu’il appartient de décider, ma chère, dit doucement le mari. L’honnête homme n’a pas le droit de formuler une opinion sur un fait dont il ignore les causes premières.

— Allons-y, décida Marie, allons-y même à pied. Il fait un joli froid sec, et le docteur m’a recommandé de marcher. Il me semble que ça me fera du bien.

Ils partirent donc. Elle marchait doucement, appuyée sur le bras de son époux. Les passants regardaient le ventre majestueux de la femme, la barbe vénérable du mari, et ils se poussaient le coude en disant :

— Voyez-vous ce vieux gaillard !

Soudain, comme ils passaient dans une rue écartée, en face d’une grande cour entourée d’ateliers et de hangars, Marie s’arrêta et pâlit affreusement.

— Aïe ! dit-elle.

— Zut ! répondit-il.

Elle dut s’appuyer au mur pour ne pas tomber, en se pressant le poing sur la bouche pour étouffer ses cris de souffrance.

Un homme qui sortait de la cour s’approcha.

— Qu’a donc cette pauvre dame ? demanda-t-il.

Joseph conta la chose en quelques mots.

— Il n’y a pas d’hôtel aux environs, reprit l’homme. Entrez vite dans mon étable. Madame pourra se coucher sur de la paille, en attendant que vous ayez trouvé une voiture.

À eux deux, ils portèrent Marie jusqu’à une petite étable qui se trouvait dans un coin de la cour, et où il n’y avait qu’un âne et un bœuf que l’on devait conduire aux abattoirs le lendemain.