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ment coquette pour porter des peignoirs aussi décolletés, aussi fanfreluchés, pour son seul plaisir personnel.

Elle fit asseoir le jeune homme sur un canapé, et s’installa à côté de lui. Gaston pensait, très perplexe : « Puisqu’il n’y a personne, je ne puis évidemment attendre que tout le monde soit sorti. Donc, quel parti dois-je prendre ? » Mais il eût désiré, pour y réfléchir, pouvoir se recueillir pendant quelques minutes, et la dame parlait avec tant de volubilité qu’il avait déjà beaucoup de peine à la suivre, et ne pouvait songer à l’indispensable modification de son plan.

Après s’être informée de la santé de ses parents, amis et connaissances, le tout en moins de deux minutes, Mme  Cocheroy lui posa soudain cette question :

— Et vos petites maîtresses ?

Gaston sentit sa gorge se serrer, tant l’angoisse l’étreignit. Et dire qu’il avait cru, un instant, que cette femme l’aimait ! Fallait-il qu’elle fût loin d’y penser, pour parler avec tant d’enjouement de ses maîtresses !

— « Je vous jure »… dit-il. Mais elle n’en permit pas davantage, et le fit taire en lui mettant la main sur la bouche. Comme à un enfant ! Oui, un enfant, le mot n’était pas trop dur, et il se le répétait avec une douleur profonde, tandis qu’elle continuait à se moquer de lui, il le comprenait bien, maintenant.

— Vraiment, vous n’avez pas de maîtresses ? Je ne puis vous croire ! Vous n’avez pas une petite garçonnière, un entresol bien discret où vous recevez de jolies filles… des femmes mariées, peut-être, vilain séducteur ! Allons, dites-moi où c’est, donnez-moi l’adresse, je ne me fâcherai pas… »