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par un beau dimanche

idée de la bêtise humaine, car son petit truc réussit très bien.

Après quoi, d’une main machinale, M. Brusy posa son fragment de granit sur la poignée gauche de la brouette, depuis longtemps polie par d’innombrables contacts avec des paumes calleuses, copieusement imprégnées de salive et de jus de tabac. Sitôt lâché, le caillou tomba par terre.

M. Brusy fixa sur lui un regard distrait, où passait pourtant comme un vague reproche, puis le ramassa en murmurant :

— J’aurais dû prévoir cette chute, puisque je n’ignore point qu’en vertu de la loi de la pesanteur, tous les corps sont attirés vers le centre de la Terre. Dans le vide, ils tombent tous avec la même vitesse. À l’air libre, la vitesse de la chute augmente avec la hauteur, et les espaces parcourus pont proportionnels aux carrés des temps employés à les parcourir.

Puis il posa de nouveau le caillou sur la poignée de la brouette, avec précaution, après en avoir choisi la face la plus plane. La pierre tomba derechef, et un désappointement visible se marqua dans les traits de M.  Brusy.

— Je n’ai pas traduit les faits dans leur vérité intégrale, songea-t-il en ramassant encore le caillou. Ceci n’est pas seulement un effet de la loi susdite, mais aussi de la loi d’équilibre, qui veut qu’un corps soit soumis à la loi de pesanteur lorsque son centre de gravité n’est pas appuyé ou soutenu.

Puis, ayant choisi une autre face du caillou, il l’appliqua, avec des soins infinis, sur la poignée de la brouette. La pierre tomba de nouveau, et le docteur la ramassa d’une main fiévreuse et volontaire, tout en continuant à monologuer :

— Les lois de l’équilibre sont loin d’être entièrement connues, et offrent aux chercheurs un