Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/170

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— Je ne pleure plus… Voyez, mon oncle ! dit alors la jeune fille en relevant la tête.

Ses yeux étaient secs, en effet, mais singulièrement brillants, et ses joues, un peu pâles d’habitude, se couvraient d’une rougeur intense.

— Vous ne pleurez plus, repartit l’oncle, mais vous avez la fièvre, mon enfant… Voyons donc votre pouls…

— Inutile ! dit-elle sèchement en dérobant sa main… Allez soigner mon père, si vous voulez soigner quelqu’un… Moi, je sors.

Et elle se dirigea vers la porte.

— Où allez-vous ? souffla le docteur en la rattrapant par le bras.

— Je vais me promener… J’ai besoin de prendre l’air.

Le vieil oncle réfléchit un instant, en la regardant bien au fond des yeux.

— Je me crois assez bon physionomiste, dit-il enfin, pour pouvoir affirmer que vous n’avez pas l’intention de faire des bêtises… Allez, mon enfant.

Puis, la rappelant, il ajouta, tout contre son oreille :

— Dites-lui qu’il file vite, qu’on ne le voie plus ici.

Sans répondre, la jeune fille sortit. Les mains dans les poches, le docteur s’approcha de Hougnot, qui semblait prêt à rendre l’âme et geignait faiblement, les yeux fermés, prolongeant l’ineffable plaisir de déranger tout le monde autour de lui, pour lui seul.

— Je conseille le remède d’Eudore, dit posément M. Brusy : un grand verre de quelque chose de fort, nom d’un cric !

— À la bonne heure !… Du rhum ! commanda le pochard, qui prisait cette boisson par-dessus toute autre.

— Non… Non… Pas de rhum… Du cognac…