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par un beau dimanche

nancé, quand l’oncle Brusy lui prit brusquement ses deux oreillers, pour les placer sous la tête de sa fille. Toutefois, il poussa le dévouement paternel jusqu’à ne faire entendre aucune objection.

Quand la malade eut avalé quelques cuillerées de grog bien chaud, une légère rougeur colora ses joues, et elle ouvrit de nouveau les yeux pour quelques instants.

— Tout va bien ! dit l’oncle. Mais je demande très instamment qu’on s’écarte d’elle.

— Ce n’est pourtant pas contagieux ? demanda M. Vireux d’un air inquiet, en faisant quelques pas en arrière.

— Je me permets de le demander pour elle, non pour vous, répliqua le docteur… Donc, de l’air autour de la malade, et défense formelle de l’embrasser… C’est bien compris ?

Un formidable éternuement résonna derrière la porte. Celle-ci s’ouvrit avec fracas, puis François Deltour, entrant comme un fou, se jeta sur Marie et l’embrassa de toutes ses forces en clamant, d’une voix plus enchifrenée que jamais :

— Borte !… Elle est borte !… Elle est borte !

— Mais non, elle n’est pas morte !… Écartez-vous donc ! dit l’oncle Brusy en le tirant par le bras.

— Il embrasse ma fille ! Il ose l’embrasser de nouveau ! glapit Hougnot en le tirant par l’autre bras, ce qui eut pour effet d’immobiliser solidement le jeune homme dans la position interdite.

— Elle est borte !… Elle est borte !… On b’a dit chez le ferbier qu’elle était borte !… beuglait François en embrassant plus que jamais la jeune fille.

— Mais puisqu’on vous dit que non !… Vous voyez bien qu’elle respire… Laissez-la donc respirer ! criait le docteur, qui parvint enfin à écarter l’amoureux.