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par un beau dimanche

secousse et vit une paire de superbes bottines jaunes qui se balançaient gracieusement en l’air, à hauteur de son nez.

L’oncle Brusy, qui se trouvait près de l’escalier, entendit à l’étage un bruit sec, mais ténu, comme celui d’un volet qu’on referme avec précaution, répondre coup pour coup au bruit de la porte qui s’ouvrait.

Passant prestement sous les bottines jaunes, M. Hougnot bondit dehors et vit un jeune homme, coiffé d’un superbe feutre gris, qui se tenait assis, fort mal à l’aise, sur la saillie formée par la clef de voûte datée de 1736. Sa main gauche se cramponnait à la fenêtre du premier étage, sa main droite serrait quelques fleurs champêtres, et sa figure écarlate portait les marques les plus vives du désappointement et de la confusion. Un vieux tonneau à l’eau de pluie, qui gisait tout défoncé auprès de la porte, montrait par quel chemin il était parvenu à se hisser là-haut.

— Que faites-vous là, monsieur ? demanda le père Hougnot d’une voix furibonde.

— Monsieur, je vous… je vous demande mille pardons, bredouilla le jeune homme avec une politesse infinie et fort peu de sang-froid.

— Je ne vous demande pas de me demander pardon ! Je vous demande ce que vous faites là !

Le jeune homme contempla longuement ses belles bottines jaunes, sans mot dire, comme s’il n’était pas du tout pressé de répondre, puis répondit soudain, avec une hâte extraordinaire :

— Monsieur, je fais des recherches archéologiques… Cette chose… cette date, sur cette chose… sur cette pierre… est très intéressante, monsieur, infiniment intéressante…

— Et c’est pour la regarder que vous vous asseyez dessus ? gronda M. Hougnot. Il faut croire que vous n’avez pas les yeux placés comme tout le monde !