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CHAPITRE v


— Vous êtes chez moi. Faites donc en toutes choses comme si vous étiez chez vous, dit l’oncle Brusy en poussant une légère barrière à claire-voie.

La petite maison du docteur était bâtie à mi-côte, au-dessus de la zone où rôdent en automne les brouillards malsains qui montent de la rivière. Les fenêtres de sa façade béaient, toutes grandes ouvertes, orientées vers le bon soleil de midi. Un petit bois de sapins, planté à la crête de la colline, protégeait contre le vent du nord la maisonnette et le vaste jardin qui l’entourait. Seul en un étroit recoin où la vieille servante était parvenue, non sans lutte, à obtenir le droit de repiquer quelques légumes, on ne voyait croître en ce jardin que des rosiers de cent espèces différentes, la grande folie et la grande fierté de M. Brusy. Déjà les variétés hâtives piquaient çà et là, dans la fraîche verdure, l’ivoire pâli d’un bouton entr’ouvert ou la pourpre sanglante d’une corolle épanouie. Déjà le vent léger, accourant du