Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/79

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« Quatre jours après, ce brave homme, sans savoir à qui il parlait, m’apprenait à mon lit de souffrance la nouvelle que toute la cité colportait ce matin-là : Tincoutza venait d’être repêchée, sur la rive gauche du Danube, par des Lipovans…

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« Depuis, trente-cinq ans se sont écoulés, et chaque année, à la date fatale, je vais sur le bord du Danube qui promène ses glaçons, demander pardon à Tincoutza de l’offense que je lui ai faite.

« À vous aussi, Adrien, je vous demande pardon de l’offense que je vous ai faite… »

Sur la route de X…, entre deux champs de seigle, la charrette avec les trois hommes allait au trot. Devant les yeux du cheval qui éternuait dans la fraîcheur matinale, l’étoile du berger étincelait sur la coupole empourprée du Levant.

Une alouette surgit du champ et monta comme une flèche vers le ciel. Stavro la suivit du regard jusqu’à ce qu’il la vît retomber comme un caillou ; les yeux fixés sur l’endroit où elle venait de disparaître, il chanta, — dans cette langue universelle