Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/188

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sible pour eux, exposaient complaisamment leur plan.

Et, penché sur l’orifice du tuyau de zinc, Jud ne perdait pas un mot de l’entretien.

— Alors, reprit Tom, ce sera pour quand ?

— Pour la nuit prochaine.

— Mais si l’on se fait pincer ? Tentative d’évasion… On double notre peine…

— On ne doublera rien du tout, attendu que l’on ne nous prendra pas.

Sans doute, Tom ne fut pas convaincu, car il grommela :

— Ça, ça n’est pas sûr, mon vieux Jetty.

Il y eut un court silence. Enfin, l’organe de Jetty reprit :

— Mon vieux garçon… Il n’y a jamais de risque à travailler pour le « Crâne »… Il a dit que la corde serait ici pour descendre dans la cour des boys (enfants) ; elle y sera… Il assure que les geôliers seront aveugles… Ils le seront… Donc, à minuit, je viendrai ici, et, avec ou sans toi, je passerai dans le quartier des « petits », puis hors d’Alb-Point.

— Parbleu ! repartit Tom, je ne suis pas plus bête qu’un autre… et si le « Crâne » a réellement promis ces choses, je suis de la partie.

Sans doute, les causeurs s’éloignèrent de l’orifice du tuyau, car le gamin n’entendit plus rien.

Au surplus, son parti était pris.

À minuit, les inconnus descendraient dans la cour, et, de là, gagneraient la campagne. Il lui suffirait de les suivre pour être libre, pour sauver l’enfant ignorée contre laquelle les malfaiteurs se proposaient d’exercer leurs talents.

Or, le plus pressé, pour mener à bien ses projets, était de se trouver dans la cour, à minuit.

Seulement, la difficulté était d’y arriver, à cette cour.

Chaque soir, en effet, les jeunes détenus gagnaient leur dortoir que fermait une porte solidement verrouillée. Et comme si cet obstacle matériel ne rassurait point la surveillance, la partie du dortoir la plus voisine de l’entrée était isolée par une grille de fer mobile, derrière laquelle des gardiens se relayaient d’heure en heure, prêts à donner l’alarme au moindre mouvement insolite des prisonniers.

Une fois enfermé, il devenait impossible de sortir jusqu’au matin.