Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/189

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Ces réflexions traversèrent l’esprit de Jud en l’espace d’un éclair. De suite, il se répondit :

— Il ne faut donc pas pénétrer dans le dortoir.

Le signal annonçant la fin de la récréation ayant été donné, il se mit en rang avec ses codétenus pour se rendre ainsi à « l’atelier », où les prisonniers travaillaient à la fabrication de boîtes de fer-blanc destinées aux grandes usines de conserves de Chicago.

Le vagabond avait son idée.

De par son numéro d’écrou, la direction l’avait affecté a un atelier de soudure. Au plus fort du travail, un grand cri bouleversa tous les jeunes ouvriers.

Jud venait de renverser un godet contenant du métal en fusion, et cela si malheureusement que son bras gauche avait reçu une forte part du contenu.

C’était une brûlure horrible.

Vite, un surveillant conduisit le blessé à l’Infirmerie. Après un pansement provisoire, le gamin demeura sous la garde de l’infirmier de service, sa blessure devant entraîner sans aucun doute une incapacité de travail de plusieurs jours.

Chose étrange, l’enfant, qui n’avait cessé de gémir tant qu’avait duré le pansement, s’apaisa dès qu’il demeura seul dans l’un des petits dortoirs affectés aux malades. Bien plus, un sourire passa sur ses traits.

— Cela fait mal, murmura-t-il, mais ici les portes ne sont point cadenassées, je pourrai plus facilement filer dans la cour.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Quel courage ! murmura Lilian, exprimant son sentiment sans en avoir conscience.

— Oui, approuva Grace.

Et, taquine :

— Trembles-tu encore, à cette lecture ?

— Oui, pour lui.

— Ah ! ah ! ma chérie, il paraît que l’origine… nébuleuse de ton… défenseur est peu de chose, auprès de ce que les réticences de Mr. Allan t’avaient fait craindre.

Une teinte rosée se répandit sur les joues de l’interpellée.

— Le malheur n’est point une honte, prononça-t-elle…

Mais la pétulante Grace lui coupa la parole :

— Je suis absolument de ton avis. Et puisque Jud Allan, confiant en ma connaissance du monde, m’a