Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/197

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Les évadés y prirent place sans que le mécanicien, immobile à la roue de direction, marquât le moindre étonnement de voir trois voyageurs, alors qu’il en devait recevoir deux seulement, et la machine, avec un ronflement sourd, s’ébranla, accéléra sa marche et s’enfonça à grande vitesse dans la nuit.

Durant deux heures, Jud fut emporté à travers la banlieue de San-Francisco, sans comprendre les mouvements de l’automobile.

À plusieurs reprises, on stoppa devant des maisons, villas ou autres.

Alors, l’un des bandits mettait pied à terre, disparaissait un moment, puis revenait, et le véhicule reprenait sa course.

Vers trois heures du matin, ainsi que le lui apprirent les sonneries des horloges de la ville, l’automobile fit halte pour la dernière fois sur le quai du grand port du Pacifique.

Au pied d’un escalier du pier, un canot se balançait sur l’eau.

— Embarque, ordonna Jetty à son jeune compagnon.

Celui-ci hocha la tête.

— Ah ! ah ! nous allons voir le Crâne.

— Non, je l’ai vu.

— Où cela ?

— Peu t’importe. Je l’ai vu cette nuit.

— Je devine, pendant un des arrêts…

— Si tu veux. Mais cela n’a pas d’intérêt. Ce qui doit te préoccuper seulement, c’est que le Crâne, sur ma recommandation, t’accepte dans la bande.

— Vrai ! s’écria Jud, affectant une joie que le mystère qui l’environnait ne justifiait pas complètement.

— Oui…

Et, se penchant vers le gamin, Jetty ajouta, d’un ton bourru :

— Souviens-toi que je suis responsable de ta conduite, garçon… et que j’aimerais mieux te faire avaler quelques pouces de fer qu’avoir des ennuis à cause de toi.

— Bon, vous n’en aurez pas.

Déjà, Jud prenait place dans la barque, avec un empressement qui dérida son répondant.

Celui-ci et Tom imitèrent le gamin. Puis, tandis que l’automobile, évoluant sur le quai, s’engouffrait dans la rue latérale, le canot s’éloigna du rivage.

Un quart d’heure plus tard, l’enfant prenait pied