Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/215

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mi-hauteur de la falaise, au risque d’être précipité dans les flots, il se contraint à des mouvements d’assouplissement.

Bientôt la chaleur revient à ses membres engourdis ; le sang circule plus rapide en ses veines, son corps recouvre son élasticité.

— En route !

Jud reprend la lutte contre le rocher. S’accrochant de-ci de-là, manquant vingt fois d’être précipité, il rampe sur la paroi, s’agrippe à des protubérances presque invisibles… Hors d’haleine, ruisselant de sueur, il atteint le sommet.

Le promontoire se termine par une étroite plateforme triangulaire, que tapissent des mousses et des ajoncs brûlés par le soleil.

De ce point, Jud domine la petite plage où campe l’équipage de la chaloupe. Mais s’il voit ses adversaires, ceux-ci pourraient également l’apercevoir.

Alors, sans souci des piqûres, il se couche parmi les ajoncs ; il rampe sans bruit jusqu’à l’endroit où le plateau élargi lui permet de reprendre la position verticale, sans crainte de se trahir.

Il a le corps couvert de ces piqûres agaçantes causées par les ardillons des ajoncs ; mais il n’en a cure. Une seule pensée le tient : rejoindre le sentier qui relie la plage au sommet, et là, retrouver les traces de ceux qu’il veut atteindre à tout prix.

— C’est ici.

Oui, le sentier se coule entre deux rochers, dessinant ses sinuosités blanchâtres sur le ton sombre de l’escarpement. Les plantes sont foulées par le passage de plusieurs hommes.

La piste est claire. Un citadin, ignorant du désert, ne la perdrait point. Pour Jud, qui a toujours vécu en plein air, la suivre n’est qu’un jeu.

Bientôt, une colline sablonneuse se présente. Le gamin l’escalade, comme l’ont gravie, une heure plus tôt, ceux qu’il cherche.

Au sommet, il a une exclamation de surprise. À la bande de terrains incultes bordant le rivage, succèdent brusquement des cultures.

Ce sont de hauts palmiers, dont les panaches en rosaces s’étalent, ainsi que de verdoyants parasols, au-dessus d’arbres fruitiers d’origine européenne, lesquels, grâce à eux, supportent sans être grillés les ardeurs du soleil mexicain.

Plus loin, des « prairies » entourées de barrières