Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/218

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— Pariset ! Lily ! Lilian !

Ces mots jaillirent aussi des lèvres de la compagne de Grace Paterson. Mais gravement celle-ci mit un doigt sur sa bouche rose.

— Silence ! Lilian… Il faut tout savoir ! Silence et courage.

Et son amie, dominée par son accent, demeurant muette, elle reprit sa lecture.

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— Pariset, continua le Crâne d’un ton pathétique, est devenu subitement fou. Il croit à un complot formé contre ses richesses et sa vie, confondant avec ses ennemis imaginaires sa femme, ma douce et vertueuse cousine. L’insensé en est venu à prendre en haine jusqu’à cette petite Lilian, qui faisait son bonheur.

— Bon, sifflota Kan-So, j’ai eu assez de mal à attacher ce grelot, et à accumuler les fausses preuves que l’imbécile a acceptées pour vraies.

— Tenez vos langues, garçons, ordonna rudement le chef. Celui qui se vante d’une affaire bien menée, se prépare des déceptions dans l’avenir.

Jud écoutait, stupéfié par l’horreur.

— Donc, plaisanta le Crâne après une courte pause, l’affaire est bien menée. Nos amis du haut commerce de Frisco, avec lesquels nous avons mis Pariset en rapports lors de ses derniers voyages, le considèrent comme fou et dangereux pour ma chère Lily.

Il accentua ces mots avec une indicible ironie.

— J’ajoute même que, si je suis dans ce pays, c’est à l’insistance de mes collègues du tribunal de commerce de San-Francisco que je le dois… Ils m’ont poussé à venir à l’improviste, à m’assurer que Lily n’est pas en danger… La chose faite, je rentre là-bas, j’affecte une inquiétude profonde… Et, d’ici à quelques semaines, quand on m’amène Lily, rendue innocente par notre infusion de chanvre, personne ne doute que Pariset, dans un accès de démence aiguë, ne se soit tué, et ait donné la mort à sa petite Lilian. Impossible que le soupçon même nous effleure.

— Bon, grommela von Foorberg. je déclare que tout cela a été conduit de main de maître. Le Crâne, du reste, nous a habitués à sa façon d’opérer, et si nous, les anciens de la prairie, nous lui obéissons, c’est parce que nous avons la confiance la plus grande en