Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/247

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— C’est pour cela que je vous ai réservés, Jetty et Tom.

Et les deux interpellés l’interrogeant du regard.

— Mettez en campagne tous nos agents, tous nos affiliés. Le personnage découvert, l’enlever. Une fois entre mes mains, je vous jure par le pied fourchu du diable, que je lui extirperai l’aveu de ses projets.

Les yeux du milliardaire lançaient des regards rouges.

— Séparons-nous, chers vieux garçons, et de l’activité. Nous travaillons à cette heure pour nous assurer une retraite dorée.

On se serra les mains. Un à un, les lieutenants de la terrible association internationale gagnèrent les portes de la maison et sortirent, comme de bons bourgeois rentrant à pied après une soirée paisible au coin du feu familial.

Frey restait seul. Alors un ricanement contracta ses traits ; entre ses dents, il gronda :

— Imbéciles ! Ils croient que je leur ai confié tout mon secret ! J’ai des preuves contre chacun d’eux. Aucun n’a de preuves contre moi. Ils disparaîtront tous, comme naguère les fiancés de Linérès ; ce qui simplifiera singulièrement le partage des millions japonais.

Ce moment d’exaltation fut bref. Jemkins se ressaisit, ses traits reprirent une expression plus calme.

Avec soin il tourna les boutons électriques. L’obscurité se fit autour de lui. Mais les aîtres lui étaient admirablement connus. Malgré l’ombre, il se dirigea sans hésitation, atteignit la porte accédant à la cave, puis, par le couloir souterrain, il regagna le cabinet de travail de son hôtel de Pensylvania-Avenue.

Un quart d’heure plus tard, il dormait de ce sommeil profond, que les philosophes ironistes ont qualifié de sommeil du juste.

Or, à peu près à ce moment, un lourd camion recouvert d’une bâche de toile s’arrêta devant le seuil de la maison, ou Frey Jemkins avait dévoilé ses plans aux sinistres associés de sa carrière aventureuse.

Deux camionneurs, une femme élégante, en descendirent.

— Alors, milady ? interrogèrent les premiers.

— La manne d’osier sera déposée ici.

— Allons-y.

Et tandis que les hommes déchargeaient la manne, naguère emportée de l’institution de miss Deffling, la femme se porta vers l’avant du camion, où deux