Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion contre les barres d’or expédiées, dans quarante-huit heures, de Pittsburg sur New-York ; que Van Reek va s’installer dans cette dernière ville, pour y voler les pierres précieuses envoyées d’Amsterdam aux joailliers américains.

Il regarde autour de lui. Adossés à la muraille, il distingue deux gamins à la livrée des boys de service des Pullmans-Cars (wagons-lits).

Il s’approche d’eux en se frottant les yeux, ainsi qu’un homme qu’une poussière importune fatigue. Les boys mettent les mains dans leurs poches et sifflotent. Alors il n’hésite pas. Il va à eux. D’une voix brève, il prononce :

— Le Chinois Kan-So. Train de Pittsburg. Savoir son but. Dépêche chiffrée au syndicat.

All right ! répond sur le même ton, l’un de ses interlocuteurs.

Et Jud s’adresse à l’autre :

— Train de Baltimore… Van Reek… Mêmes instructions.

Cela a été si rapide que personne, certainement, n’a pu prêter attention au conciliabule. Le pseudo-frère de Lilian s’éloigne, se dirigeant vers la sortie, tandis que les boys se précipitent vers les quais.

Allan franchit les arcades s’ouvrant sur la rue, quand un groupe de voyageurs retardataires lui barre le passage. Il est quelque peu coudoyé, bousculé par ces gens craignant sans doute de manquer le train.

Il n’y attache aucune importance. En Amérique, on sait que les affaires n’attendent pas, et que les businessmen n’ont point de temps à perdre en vaines politesses.

Il hausse les épaules, s’éloigne de la gare, reprenant sa marche vers Kendall Green.

Et pourtant, s’il avait suivi des yeux les voyageurs manifestant si grande hâte, leurs mouvements lui eussent causé quelque surprise. Ces personnages ne gagnèrent point les quais de départ. Ils s’arrêtèrent simplement dans la salle de distribution, et l’un d’eux, regagnant l’extérieur, longea les bâtiments de la gare jusqu’à la première rue latérale, à l’angle de laquelle il disparut.

À dix mètres de l’individu, une jeune femme, debout au bord du trottoir, semblait tout entière à la lecture d’une brochure. Sans hésiter cependant, l’étrange voyageur s’approcha d’elle.

— C’est fait ! lady Rouge-Fleur.